La production de céréales en France en 2023 est marquée par une hausse notable pour le blé tendre et les orges d'hiver, tandis que le blé dur connaît sa plus faible récolte depuis 2003. Cet article fait le point sur les chiffres clés et les tendances de la production céréalière française, influencée par divers facteurs climatiques et économiques.📈 Chiffre clé En 2023, la production de blé tendre en France a atteint 35 millions de tonnes, en hausse de 3,9 % par rapport à 2022.
État des lieux de la production céréalière en 2023
En 2023, la production céréalière française a connu des évolutions contrastées selon les types de cultures. Si certaines céréales ont vu leur production augmenter par rapport à l'année précédente, d'autres ont subi des baisses significatives. Zoom sur les chiffres clés de la récolte céréalière 2023 en France.
Le blé tendre en hausse malgré des disparités régionales
Avec 35 millions de tonnes récoltées en 2023, la production de blé tendre est en progression de 3,9% comparé à 2022. Cette hausse est portée par un rendement national estimé à 73,4 quintaux par hectare (q/ha), qui n'avait plus été atteint depuis 2019. Cependant, on observe des disparités entre les régions :
- Dans les Hauts-de-France, la Normandie, la Bretagne et l'Île-de-France, les rendements sont en baisse par rapport à 2022, tout en restant à un niveau élevé
- Les autres régions, comme le Centre-Val de Loire, enregistrent une hausse des rendements (+3,2% dans cette région)
Orge : en hausse pour l'hiver, en baisse pour le printemps
La production globale d'orges devrait atteindre 11,9 millions de tonnes en 2023. Ce chiffre masque toutefois une situation contrastée :
- L'orge d'hiver est en forte progression avec 9,2 millions de tonnes (+8,3% sur un an), pour un rendement de 68,8 q/ha (+5%)
- L'orge de printemps chute à 2,8 millions de tonnes (-6,2%), malgré une hausse du rendement de 9,2% qui ne compense pas la baisse des surfaces de 14,1%
Blé dur : récolte historiquement basse
Avec seulement 1,3 million de tonnes, la production 2023 de blé dur affiche un recul de 3,6% sur un an et de près de 15% par rapport à la moyenne 2018-2022. Il faut remonter à 2003 pour trouver un niveau de récolte inférieur. Si le rendement augmente légèrement à 54 q/ha, il ne parvient pas à compenser la diminution continue des surfaces, qui atteignent leur plus bas niveau depuis 1995.
Records pour le triticale et les protéagineux, hausse maintenue pour le colza
Parmi les autres cultures, on peut retenir quelques faits marquants :
- Le triticale bat un record de production depuis 2015 avec près de 1,8 million de tonnes (+8%), pour un rendement en hausse de 7,6% à 51,7 q/ha
- Les protéagineux atteignent 820 000 tonnes (+11,6%), grâce à la progression des surfaces et des rendements
- Le colza poursuit sa croissance avec 4,6 millions de tonnes (+2,5%), et ce malgré un rendement en repli à 34,4 q/ha
Les facteurs influençant la production céréalière
La production céréalière française est influencée par de multiples facteurs, à la fois climatiques, géopolitiques et économiques. L'année 2022 a été particulièrement marquée par des événements majeurs qui ont eu un impact significatif sur les rendements et les volumes produits.
Impact du conflit en Ukraine et de la sécheresse sur la production en 2022
En 2022, la production céréalière française a été fortement impactée par deux événements majeurs : les répercussions du conflit en Ukraine et la grande sécheresse qui a touché le pays. Ces deux facteurs ont eu des conséquences variables selon les types de céréales :
- Pour le blé tendre, les rendements ont augmenté malgré une baisse des surfaces de 5,8 %. La production a ainsi pu être maintenue à un niveau correct.
- En revanche, la production de blé dur a chuté de 14,2 % malgré un rendement stable de 53 q/ha. Cette baisse significative s'explique principalement par la réduction des surfaces cultivées.
- La production d'orge a légèrement reculé avec un rendement de 62 q/ha en 2022 contre 66 q/ha en 2021, impactée par les conditions climatiques défavorables.
- Le maïs a été particulièrement affecté par la sécheresse, avec une production à peine atteinte de 13 millions de tonnes et un rendement de 86,7 q/ha en 2022 contre 100 q/ha en 2021, soit une baisse de plus de 13 %.
Une tendance similaire à l'échelle européenne
La situation française s'inscrit dans une tendance plus globale observée à l'échelle de l'Union Européenne. Les chiffres de production sont également en baisse pour les principales céréales :
Céréale | Production UE 2021 (Mt) | Production UE 2022 (Mt) | Évolution |
---|---|---|---|
Blé tendre | 131 | 126 | -3,8 % |
Maïs | 73 | 65,4 | -10,4 % |
Ces baisses de production s'expliquent par l'extension de la sécheresse à la quasi-totalité des pays européens en 2022, qui a endommagé les récoltes de céréales, en particulier pour le maïs très sensible au stress hydrique.
Perspectives pour les prochaines campagnes
La production céréalière française et européenne sera dans les prochaines années étroitement conditionnée par l'évolution des principaux facteurs identifiés :
- L'évolution du conflit en Ukraine et ses répercussions sur les marchés mondiaux de céréales
- La fréquence et l'intensité des épisodes de sécheresse, dans un contexte de changement climatique
- L'évolution des prix de l'énergie et des engrais qui impactent fortement les coûts de production
Face à ces enjeux, les acteurs de la filière céréalière devront s'adapter pour maintenir des niveaux de production permettant de répondre à la demande sur des marchés tendus, tout en préservant la viabilité économique des exploitations.
Utilisation et débouchés des céréales françaises
Une fois récoltées, les céréales françaises sont utilisées sur le marché intérieur ou exportées vers l'étranger. En 2022, le blé tendre et l'orge ont été les principales céréales concernées par ces débouchés, alors que le maïs et le blé dur ont été majoritairement consommés en France. Les utilisations variées des grains, de l'alimentation animale aux industries de transformation, reflètent la diversité de la production céréalière hexagonale.
Le blé tendre, une céréale tournée vers l'export
Sur les 34 millions de tonnes de blé tendre produits en France en 2022, environ la moitié (17 millions de tonnes) a été exportée. Les principaux clients se trouvent hors Union Européenne, avec en tête le Maroc qui a absorbé plus d'un quart des expéditions françaises (10,2 millions de tonnes). Au sein de l'UE, la Belgique, les Pays-Bas et l'Espagne ont été les principaux acheteurs.
L'autre moitié de la récolte (14 millions de tonnes) a été écoulée sur le marché français, où les utilisations se répartissent comme suit :
Utilisation | Volume (en millions de tonnes) |
---|---|
Fabrication d'aliments du bétail | 4,0 |
Panification | 2,8 |
Amidonnerie/glutennerie | 2,6 |
Alcool | 1,6 |
L'orge, une céréale d'exportation
Avec une production moyenne de 11,6 millions de tonnes, l'orge française est davantage exportée que consommée sur le territoire national. En 2022/23, environ 6,3 millions de tonnes de grains et 1,4 million de tonnes de malt ont ainsi été expédiées à l'étranger, dont :
- Un tiers vers la Chine
- 17% vers la Belgique
En France, les 2 millions de tonnes consommées se répartissent principalement entre :
- La fabrication d'aliments du bétail (plus de la moitié)
- La malterie (270 000 tonnes)
- Les semences (143 000 tonnes)
Maïs et blé dur, des céréales consommées en France
Le maïs, ingrédient clé de l'alimentation animale et des biocarburants
La sècheresse de 2022 a fortement impacté la production française de maïs, tombée à 9,9 millions de tonnes contre une moyenne quinquennale de 12,9 millions de tonnes. Cette baisse s'est répercutée sur les exportations, limitées à moins de 4 millions de tonnes (contre 6,8 millions de tonnes en moyenne sur 5 ans), essentiellement vers l'UE, le Royaume-Uni et la Suisse.
Sur le marché intérieur, le maïs est utilisé à :
- 40% pour la fabrication d'aliments du bétail
- 31% dans l'industrie amidonnière
- 9% pour produire de l'alcool, notamment du bioéthanol
Le blé dur, incontournable pour les pâtes et le couscous
Avec une production annuelle moyenne de 1,5 million de tonnes, le blé dur français est peu exporté. Son utilisation sur le marché national, stable autour de 560 000 tonnes, est presque entièrement absorbée par les semouleries pour fabriquer pâtes alimentaires et couscous. L'Italie est la principale destination des exportations françaises de blé dur, avec 205 500 tonnes en 2022/23.
L'essentiel à retenir sur la production céréalière française en 2023
La production de céréales en France en 2023 est contrastée, avec des hausses pour certaines cultures comme le blé tendre et les orges d'hiver, et des baisses pour d'autres comme le blé dur. Les facteurs climatiques, notamment la sécheresse, et les répercussions du conflit en Ukraine ont impacté les rendements et les surfaces cultivées. Les céréales françaises trouvent des débouchés tant sur le marché intérieur, pour l'alimentation animale et humaine, que sur les marchés d'exportation, principalement vers les pays tiers.